Avez-vous déjà vécu des moments de bien-être qui dégénèrent sans prévenir et vous font tomber de votre nuage ? Tout va bien, puis tout semble s’écrouler sans raisons… Ou bien, alors que vous êtes stressé depuis des années mais que finalement vous tenez le coup, c’est quand vous commencez enfin à méditer que vous vous sentez mal. Et s’il y avait une explication à cela ?
Cet article ne couvre évidemment pas tous les cas, mais pourrait vous aider à comprendre certaines incohérences. Pour clarifier ce phénomène de « je vais bien » puis « je vais mal », commençons pas une petite histoire :
La métaphore des déchets dans la cave
Imaginez que vous avez acheté il y a quelques années une magnifique maison dans laquelle vous vous sentez bien. Elle avait un seul défaut : dans la cave se trouvaient une quinzaine de vieilles machines à laver délabrées.
Comme elles sont très lourdes, et qu’il y a un escalier très raide, vous avez décidé de simplement fermer la porte de la cave et de les laisser là en attendant car vous n’aviez pas le temps de vous en occuper. Votre déménagement, votre installation, votre travail, vous aviez trop de choses en tête. Et puis de toute façon vous ne saviez pas quoi en faire.
Un jour, votre propre machine à laver tombe en panne. À ce moment, une camionnette passe dans la rue : « Vieux fers, vieux matelas, vieilles machines à laver, profitez de notre passage ! » Vous l’arrêtez, deux molosses sortent du véhicule et embarquent votre machine en deux minutes chrono.
Vous pensez alors à celles qui sont dans votre cave depuis des années et les deux ferrailleurs vous proposent de vous aider. Ils y descendent, en prennent une, la remontent par l’escalier, la déposent dans leur camionnette qui est alors remplie, et vous disent qu’ils reviendront demain chercher les autres.
Cela vous arrange bien, mais pendant une semaine c’est l’enfer dans votre maison : vous avez installé des couvertures partout pour protéger le sol entre la porte de la cave et la porte de sortie de la maison. Chaque fois qu’ils sortent une machine, il y a une odeur insupportable pendant toute la journée, et même des souris qui s’échappent dans votre salon !
Pourtant, vous êtes content(e) de voir que votre cave se vide. Parce que, finalement, les souris étaient déjà là avant, les odeurs aussi, et vous réalisez que régulièrement vous alliez colmater la porte de cette cave de peur que cela n’envahisse votre maison… Après une semaine, les machines sont parties, vous pouvez nettoyer votre cave, les souris déménagent, et vous vous sentez bien.
Libération émotionnelle : explication
Dans le domaine de la psychologie, un processus de libération émotionnelle se produit plus facilement lorsqu’un cadre propice est présent.
Pourquoi avez-vous décidé de vider votre cave ? Parce que certains facteurs ont ouvert la porte :
- Votre situation stable
- La panne de votre machine
- L’arrivée de quelqu’un pour vous aider (les ferrailleurs)
Même si dans le cas du bien-être cette décision est inconsciente, notre cerveau fonctionne de cette même manière : quand les circonstances favorables sont présentes, le cerveau ouvre les portes et laisse sortir ce qui est prêt à être nettoyé / libéré.
C’est ce qui se passe quand on se sent bien ou quand on se retrouve dans le cadre sécurisant offert par un thérapeute (par exemple). Quand une période de bien-être et de détente se présente, tout se passe comme si notre cerveau disait « Ah ! On va pouvoir laisser sortir ! » Et les jours qui suivent, ce qui est prêt se libère.
Malheureusement, comme pour les machines à laver, ce n’est pas très agréable quand cela sort. Mais si vous avez conscience que c’est pour un mieux, et que c’est provisoire, alors cela peut devenir nettement moins pénible. Si vous avez appris à méditer (vraiment), vous pouvez continuer à observer ce qui se passe dans l’instant, sans vous identifier à votre état émotionnel et aux perturbations qui surgissent.
Résumons ce processus :
- Le système nerveux se nettoie automatiquement dès qu’il a la possibilité de le faire.
- Il a une magnifique possibilité de le faire quand les circonstances sont favorables.
- Les circonstances sont favorables quand je vais bien, ou quand je suis prêt à sortir les machines (par exemple en commençant une vraie démarche de méditation).
- Quand il se nettoie (parce que les circonstances sont là), cela donne l’impression que je vais à nouveau mal.
Nous allons donc bien, et puis mal, parce qu’un état de détente a pour effet d’ouvrir des portes. À partir de cette compréhension, il reste un choix à faire : laisser sortir… ou pas. Sans une compréhension de ce qui se passe, nous pouvons avoir l’impression que nous avons un problème. Ce qui aggrave notre état.
En prenant un médicament, de l’alcool ou des drogues, nous bloquons le processus, la camionnette s’en va et les machines restent dans la cave. En rajoutant plusieurs couches de pensées comme « J’ai un problème » ou « Je ne veux pas sentir cela », la souffrance augmente.
L’influence des pensées
Pendant les phases de bien-être, si vous rajoutez des pensées comme « Super, maintenant je vais enfin bien ! », et que pendant les phases de mal-être vous en rajoutez d’autres comme « Zut, je vais de nouveau mal ! », vous risquez d’augmenter le décalage entre les sensations « je vais bien » et celles de « je vais mal ». Cela amène doucement mais sûrement une souffrance étiquetée comme bipolaire : de plus en plus « bien », puis de plus en plus « mal ». Avec un peu d’entraînement, on devient littéralement fou de joie pendant la période de « trop bien » et on devient incapable de bouger pendant la période de « trop mal ».
La clé réside dans une compréhension du processus : la souffrance ne vient pas réellement du fait de vous sentir mal, elle vient du refus de la réalité. De ce désir de garder cet état de bien-être et de faire partir l’état de mal-être. Le bonheur que l’on cherche n’a rien à voir avec ce qui se passe. Sinon comment pourrions-nous être heureux dans un monde comme celui-ci, en sachant que nous allons vieillir et mourir ?
Non, le bonheur véritable réside dans la perception que nous avons de la réalité, quand on arrête de refuser ce qui est là et qu’on se met à le vivre pleinement.
Conclusion
Quelque chose a changé depuis quelques années. Observez autour de vous et vous constaterez que les vieilles machines à laver qui traînent dans les caves n’ont plus besoin d’attendre la camionnette des ferrailleurs. Nous sommes à une époque où sortir les vieilles machines n’est plus un choix qui nous est offert. Elles sortent toutes seules, par les portes ouvertes, ou à travers les portes fermées en cassant tout sur leur passage.
Alors si vous prenez conscience que vous êtes dans ce cas, il semble évident que le seul choix que vous avez aujourd’hui est d’apprendre à ouvrir les portes… ou pas.
Comprendre le processus, ne rien rajouter, accueillir ce qui vient, laisser sortir en se faisant éventuellement accompagner, ne pas s’identifier à son état émotionnel, avoir confiance que c’est pour un mieux, sont autant de pas vers cette sérénité intérieure que beaucoup cherchent à l’extérieur…
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