Alors qu’un vieux sage s’approchait d’un étang pour y tremper les pieds car la chaleur était étouffante, il vit un homme debout au milieu de l’eau, les mains dans la vase. Il lui demanda ce qu’il faisait, car il avait l’air très embêté.
– Je cherche une clé, dit l’homme, une clé en or. Elle était sale et j’ai voulu la rincer dans l’eau mais je l’ai lâchée. Et maintenant je n’arrive plus à l’attraper. Pouvez-vous m’aider à fouiller cet étang ? Je dois absolument la retrouver.
– Bien sûr, lui répondit le sage. Mais avant de le faire, je voudrais vous proposer quelque chose.
– Je vous écoute lui dit l’homme.
– Comment vous sentez-vous ? lui demanda le sage. Prenez votre temps pour sentir…
Un peu surpris par cette question hors sujet, l’homme se dit qu’il avait bien besoin d’aide pour retrouver sa clé et il décida de répondre. Il s’arrêta un instant, s’observa de la tête aux pieds, et répondit qu’il se sentait fatigué et stressé.
– Merci, dit le sage. Pourriez-vous regarder le ciel, et me dire s’il y a des nuages ?
L’homme regarda le ciel et observa qu’effectivement il y en avait. Il ne les avait pas vus, trop occupé à chercher sa clé en or. Ces questions commençaient à l’embêter car il avait à faire. Il répondit :
– Oui, il y en a, mais pourriez-vous m’aider maintenant ?
– J’arrive, dit le sage. Mais s’il-vous-plait répondez encore à trois petites questions, puis je vous promets de vous aider à trouver votre clé.
– D’accord, dit l’homme.
– Que voyez-vous en ce moment autour de vous ? Prenez votre temps.
L’homme observa autour de lui pendant plusieurs secondes et décrivit ce qu’il voyait, même si cela lui paraissait évident : de l’eau, le ciel, des nuages, des arbres, de l’herbe, un vieux type bizarre au bord de l’eau…
– Et qu’entendez vous si vous prenez la peine d’écouter, peut-être même les yeux fermés ?
L’homme joua le jeu, ferma les yeux et écouta. Il fut surpris du nombre de sons qui étaient présents et qu’il n’avait pas encore entendus : des oiseaux, le vent, un ruisseau proche…
– Et une dernière question, ajouta le sage : comment est l’eau ?
L’homme en avait assez de ces questions sans intérêt, et heureusement que c’était la dernière. Cela faisait plusieurs minutes qu’il avait arrêté de creuser la vase pour trouver sa clé et il était temps qu’il s’y remette !
– L’eau est froide ! Et…
Il baissa les yeux pour ajouter quelques détails, et remarqua que toute la boue qu’il avait lui-même soulevée en fouillant la vase avait disparue. Elle s’était déposée sur le fond… Il aperçût alors un objet brillant qui dépassait légèrement… C’était sa clé ! Il se baissa et la ramassa.
Il ne lui fallut que quelques secondes pour comprendre qu’en fait le sage l’avait déjà aidé. Pas en s’acharnant avec lui, mais en lui permettant de se poser et d’arrêter de créer des remous dans l’eau. Il le remercia, et le sage ajouta :
– La vie est souvent comme une clé perdue dans le fond d’un étang. Plus on cherche des réponses plus on remue et moins les choses sont claires. Et l’on pense qu’en réfléchissant encore plus nous trouverons des solutions. Alors qu’il suffit parfois de se poser un peu pour que les choses deviennent plus claires.
Ce qui perturbait notre vision peut alors se poser, et l’évidence apparaît.